Générique Saxo

 

 

Depuis le déroulement des tôles jusqu'aux essais du moteur et le contrôle des freins, j'ai photographié la réalisation de la voiture Saxo à l'usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois en 1996.

Pour commencer, il faut mettre les tôles en forme de porte, de capot, de toit et autres éléments de la carrosserie. Xavier controle les écrans de l'ordinateur et commande les presses, Pascal essuie les plaques de métal. Ils ont tous des gants pour se protèger. Stéphane inspecte les petites pièces qui arrivent sur la tapis roulant à un rythme variable, quelque fois long.

Mohamed réceptionne des portières pour les placer sur un chariot "Du temps de la DS, c'était l'enfer, maintenant, ça va bien" me dit-il. Gunay palpe les tôles ave ses gants. Dans ce service, les manipulations ne sont pas trop rapides, elles suivent les cadences des presses qui ont un rythme saccadé.

Il n'y a que des hommes, ils discutent de temps en temps et plaisantent. Les cabines de peinture sont étanches et automatisées, je n'y suis donc pas entré.

Les caisses passent à un contrôle de qualité, c'est le service de la vente: les moindres défauts sont corrigés. Il y a beaucoup d'employés qui tiennent des petites polisseuses circulaires. Les carrosseries deviennent des bijoux.

C'est là que j'ai photographié Christelle, souriante, Majiba, plus réservée, Sylvie, Cyril, José, Joanne. L'éclairage est puissant, il faut voir les moindres détails à poncer. Chacun actionne la polisseuse autour de la carrosserie, c'est un peu comme un ballet, ils vont d'une caisse à une autre, à plusieurs ils attaquent une cabine, leurs gestes se chevauchent, délicatement ils adhérent à la tôle, puis arrêtent un instant, les couleurs changent, une voiture verte, puis une blanche; ils parlent peu, ils n'ont pas le temps.

Sur la ligne de montage, Valérie, stagiaire, assemble les éléments d'une porte, Ludovic enlève les aspérités qui subsistent après les soudages, Didier, San et Christine montent et vissent différents éléments de la cabine. Je n'arrive pas à faire des photos, ils bougent tout le temps, le mise au point est difficile, le 1/30 ème de seconde est un peu juste, je vais avoir du flou.

Albert met en place le moteur sur la caisse, il controle sur écran la position des deux éléments, quand c'est en place il appuie sur les boutons, et voilà ça repart en ligne.

L'effficacité est de rigueur, le rythme soutenu, les journées doivent être longues et fatigantes. L'ambiance est bonne, ils parlent peu, ils arrêtent par moment en attendant une pièce ou le passage d'une voiture. Les moments de repos sont vraiment nécessaires.

J'ai voulu connaître et mentionner leur nom comme dans le générique d'un film où l'on cite les acteurs, le camaraman, l'habilleuse, le perchman, les musiciens, les éclairagistes... ici elles et ils contrôlent des pièces, commandent des presses, des robots, vissent, polissent la cabine, assemblent, soulèvent, aidés par des portants, les roues, les trains-avant, actionnent le moteur, testent les freins, la direction...

J'ai eu plaisir à réaliser ces photos, à passer quelques minutes avec chacun de ces gens-là. Leur présence m'était chaleureuse, même si nous n'échangions que quelques mots, ou rien du tout, mais toujours j'ai partagé leur regard avec une certaine connivence.

Jean Pottier